BreakingHeart - Nouvelleshttp://breakingheart.cowblog.frBonjour gens du peuple. Deux choses me font vivre : l'art, et les gens, ce qu'ils sont en apparence et ce qui est caché au fond d'eux. L'âme enfuit derrière les corps de béton ! J'écris des nouvelles, y a-t-il de la beauté derrière la pathétisme, le vulgaire, notre corps... Faut-il en chercher ? Je suis persuadé que oui.CowblogfrWed, 12 Sep 2012 22:17:39 +0200180http://breakingheart.cowblog.fr/ii-blizzard-ou-spark-3205961.htmlII - Blizzard ou SparkII - Blizzard ou Spark

 

Morgane était raide, Eric angoissé, et moi j’écoutais.

Le squat avait fermé, cimenté parce que les squats finissent toujours pas être fermés et cimentés.

On se retrouvait au parc -autour d’une table de pique-nique- on se regardait. On avait plus de carte, plus de mots. De la quinzaine en restait six et moi.

Quand un homme dans la…, chemise ouverte, poste de radio sur l’épaule le posa sur la table.

“Moi c’est Spark ! Que cela m’ennuie que tout le monde s’amuse … J’ai abandonné mes amis, je ne veux pas aller à leur fête, c’est grotesque, des chapeaux et des ballons m’amuseraient plus ! Je veux que le ciel soit un grand bonnet de coton pour étouffer les sots habitants de cette ville. Allons, allons, oubliez-vous morts, dites-moi une plaisanterie, qu’on s’amuse, vous êtes tristes.”

Nos visages étaient éteints, des larmes coulaient sur certains. Le poste sur la table, Love’s Theme de Giorgio Moroder, y était sûrement pour quelque chose. On était nostalgique de la belotte.

Eric prit la parole :

“Je suis sûr que tu les connais déjà toutes.”

- Je ne ris pas de ce qu’on invente, peut être que je rirais de ce que je connais ! Non ? Bien, je vais fumer sous ce marronnier avec ce brave qui va me tenir compagnie. Dit-il en me désignant du doigt.

Je l’accompagne, nous sommes les deux sous ce marronnier, la vue sur les six compagnons de la table.

“Comme ce soleil couchant est manqué ! La nature est pitoyable ce soir. Regarde-moi un peu cette vallée là-bas, ces quatre ou cinq méchants nuages qui grimpent sur cette montagne. Je faisais des paysages comme celui-là, quand j’avais douze ans, sur la couverture de mes livres de classe.”

- Ah.

- Tu te moques de tout, est-ce que je t’ennuie ?

-Non, pourquoi ?

- Toi, tu m’ennuies horriblement. Cela ne te fait rien de voir tous les jours les mêmes figures ? Mais pourquoi donc mes amis sont-ils partis à cette fête ? Regarde ce couple qui passe. Ils sont charmants ! Regarde, lui, comme il est fier de sa copine, il tient la hanche et lui embrasse les cheveux sur le haut du crâne, Je suis sûr que cet homme-là a dans la tête un millier d’idées qui me sont absolument étrangères.

- Comme nous tous.

- Hélas ! Tout ce que les hommes se disent entre eux se ressemble ; les idées qu’ils échangent sont presque toujours les mêmes dans toutes leurs conversations ; mais, dans l’intérieur de toutes ces machines, isolées, quels replis, quels compartiments secrets ! C’est tout un monde que chacun porte en lui ! Un monde ignoré qui naît et qui meurt en silence ! Quelles solitudes que tous ces corps humains !

- Comment fais-tu pour être aussi joyeux en étant aussi critique ?

- Il n’y a qu’une chose qui m’ait amusé depuis trois jours : c’est que je n’ai plus d’argent, et que si je mets les pieds dans ma maison, il va arriver quatre idiots qui vont me chopper. J’ai envie de me marier avec une prostituée.

- Tu seras triste comme le ciel, ce parc, les six devant nous et cette chanson du moustachu italien.

- Pas du tout ! Mon imagination se remplira de pirouettes… je fredonnerais des solos de clarinette dans mes rêves, en attendant que je meure d’une indigestion de fraises dans les bras de ma bien-aimée. Nous ne sommes rien d’autre ; il n’existe pas de maître en ce qui concerne les sentiments mélancoliques.

- Pourquoi t’es là ? Pourquoi tu me dis ça ? Pourquoi tu ne me laisses pas seul au fond du trou avec les autres.

- Eh bien donc ! Où veux-tu que j’aille ? Regarde cette vieille ville enfumée ; il n’y a pas de places, de rues, de ruelles où je n’aie rôdé trente fois. Lève-toi et danse. Il n’y a pas de pavés où je n’aie traîné ces talons usés, pas de maisons où je ne sache quelle est la fille dont la tête stupide se dessine éternellement à la fenêtre. Je ne saurais faire un pas sans marcher sur mes pas d’hier ; eh bien mon cher ami, cette ville n’est rien auprès de ma cervelle. Tous les recoins m’en sont cent fois plus connus ; toutes les rues, tous les trous de mon imagination sont cent fois plus fatigués ; je m’y suis promené en cent fois plus de sens, dans cette cervelle délabrée, moi son seul habitant !

-Je ne sais pas quoi te dire…

- Tranchons le mot, tu es capable de pêcher à la ligne.

- Si cela m’amuse, je suis capable de tout.

- Même de prendre la lune avec les dents ?

- Ca ne m’amuserait pas.

- Ah Ah ! Qu’en sais-tu ? Prendre la lune avec les dents est à essayer. Allons jouer à le belotte.

- Non, en vérité.

- Pourquoi ?

- Parce que nous serions triste, ça nous rappellerais les bons mais surtout mauvais moments qu’on a vécu.

- Ah ! Mon Dieu ! Qu’est-ce que tu vas imaginer là ! Tu ne sais quoi inventer pour te torturer l’esprit. Tu vois donc tout en noir, misérable ? Rappeler les bons mais surtout les mauvais moments ! Tu n’as donc dans le cœur ni foi, ni espérance ? Tu ne crois donc en rien, c’est épouvantable, capable de me dessécher le cœur et de me désabuser de tout, moi qui suis plein de joie et de jeunesse.

Il se lève et se met à danser… J’aimerais être comme lui. Je me lève.

- Je suis grisé, et il se fait tard, je ne vais pas tarder. Il se rassoit près de moi.

- Qu’appelles-tu tard ? Midi, est-ce tard ? Minuit, est-ce de bonne heure ? Où prends-tu la journée ? Restons là, je t’en prie. Buvons, causons, analysons, déraisonnons, faisons de la politique ; imaginons des combinaisons de gouvernement ; attrapons tous les hannetons qui passent autour de cette chandelle, et mettons-les dans nos poches. Sais-tu que les canons à vapeur sont une belle chose en matière de philanthropie ?

Je décide de rester, après tout…

- Il faut qu’on fasse quelque chose. Tra la, tra la ! Allons, levons-nous !

Je me lève et m’interroge :

- Qu’attends-tu de nous ?

- Cela est si difficile quelquefois de distinguer le bonheur d’une grosse sottise ! Beaucoup parler, voilà l’important ;  Je ne demande qu’à être nourri convenablement pour la grosseur de mon ventre. Je veux regarder mon ombre -bien grosse- au soleil.

- Peut-être sommes-nous pas les bonnes personnes, peut-être que tu ne peux pas être heureux avec nous.

- Je réfléchis en ce moment de mon sort avec ou sans vous ; elle prouvera clairement que je suis génial ou raté. Je suis en train de bouleverser l’univers. Qui est la blonde lune dont tous les cœurs se battent pour elle ?

-Morgane, elle a mauvaise réputation.

- Elle n’a donc ni cœur ni tête, et ne ferait-elle pas mieux de donner sa robe à fleurs au lieu de son corps ?

- Pourquoi tu plaisantes tout le temps, tu ne sais pas être sérieux deux secondes ?

- De bonnes boutades consolent bien des chagrins. Et jouer avec nos paroles est un moyen comme un autre de jouer avec les pensées, les actions et les êtres. Tout est une bonne blague ! Regarde, il est tout aussi difficile de comprendre le regard d’un enfant de quatre ans que le cerveau de la fille blonde lune.

- On peut se faire une idée de tout.

- Chacun a ses lunettes ; mais personne ne sait au juste de quelle couleur en sont les verres. Qui est-ce qui pourra me dire au juste si je suis heureux ou malheureux, bon ou mauvais, triste ou gai, bête ou intelligent.

- Je m’en fais un peu pour Morgane.

- Elle se sacrifie en silence. J’ai envie de prendre sa robe et faire enfin de grandes folies, pour venir voir tomber, à travers cette glace, les deux seules larmes que cette enfant versera peut-être sur son triste sort.

- Tu seras malheureux.

- Non, l’imagination ouvre quelquefois des ailes grandes comme le ciel dans un cachot grand comme la main.

- Qu’est-ce qu’on va devenir ?

- Fais confiance au hasard, je parle beaucoup au hasard : c’est mon plus cher confident. Le hasard me fait penser que je dois vous quitter. J’ai d’autres âmes à sauver, d’autres habits à enfiler.

- Tout cela, ça restera entre nous ?

-Sois en sûre, cela reste entre nous. Je ne suis pas plus indiscret que je ne suis curieux.

 

 

]]>
http://breakingheart.cowblog.fr/commentaires-3205961.htmlWed, 12 Sep 2012 22:17:00 +0200http://breakingheart.cowblog.fr/ii-blizzard-ou-spark-3205961.html
http://breakingheart.cowblog.fr/i-belote-3205960.htmlI - Belote        I- Belote

      A paris, je vis chez une amie. Elle est blonde lune, elle est belle et même quand elle est moche, elle est belle ; Morgane attire l’œil comme Eastwood à l’écran.

      Elle m’emmène un jour dans la planque, un squatte appelé “millième dimension”. Sur les murs sont tagués -entre des citations de Bukowski-, les lois du lieu. Le lieu c’est au premier étage, un resto vietnamien vide, au second étage un appartement et au troisième un autre appartement. Sur le parquet, un pigeon est décapité. Il est marqué: “le lieutenant pigeon a tenté d’imposer une autre loi et il en est mort”. Le vrai problème selon Eric, c’est juste que ce pigeon fût un peu trop bling bling…

     Morgane est sortie seulement avec deux mecs, un l’année dernière et un cette année. Elle n’aime pas ça, elle préfère être libre. Elle ne me parle pas de ça, c’est Eric qui me l’a dit en préparant les cartes.

    “Tu clopes ? … Je connais bien morgane, elle a dépucelé tous mes amis d’enfance.”

     Cette jeune fille est décidément de coutumes peu vertueuses… Au squat, ils sont une quinzaine, et c’est souvent belotte et rebelote. Et en silence, faut profiter du plaisir. Ils jouent car la planque n’est pas le lieu de discussions philosophiques, ni de commérages où juste pendant la préparation. 

     Sous la chaleur du moi d’août, les jours de belotte s’enchainent, Morgane et ses amis jouent et moi je les regarde, surtout elle. 

     Le jour suivant Eric proposa pendant la préparation -pour lutter contre la lassitude- des récompenses au gagnant de la belotte. Le premier jour, le prix de la récompense n’atteignait pas la valeur d’une brique de la millième dimension. Le deuxième jour, chacun posa sur la table la valeur d’une journée de travail d’un maçon. Mais le millième jour, ils mirent en jeu des objets de valeurs inestimables: voiture, appart… Et ce fut le tour de Morgane:

    “Le gagnant pourra faire ce qu’il veut de moi ici présent.”

    Toute l’assemblée acquiesça, et sur les visages des pêcheurs de moules parisien, naissaient des sourires narquois. Moi j’étais… indigné, j’aimais bien Morgane. 

    “Arrête, et prends ça comme une expérience sociologique”. Me dit-elle.

    J’étais en colère parce que j’avais peur comme la plupart du temps quand on est en colère. J’étais de la millième dimension depuis belle lurette, j’avais le droit de jouer mais je n’avais aucun objet de valeur. Cela étant Morgane avait réussi à leurrer la bande même si selon Eric “c’est le système qui veut ça”. Il me savait proche de Morgane, j’ai donc proposé de prendre mes valises et de ne plus jamais la revoir si je perdais. 

     Eric gagna… :

     ”Ce que je veux ? Et bien… la guillotiner comme ce vulgaire pigeon, c’est le système qui veut ça ! En attendant, toi, t’as pommé tu te casses !” Me dit-il en me montrant du doigt la sortie. Morgane sourit, j’avais les larmes aux yeux. 

    J’avais de nouveau peur, peur de la perdre, et la colère revint. Mes deux mains crispées se propulsèrent d’un côté puis de l’autre du visage d’Eric. J’avais conscience que la quinzaine réagirait de suite, il fallait les bluffer de nouveau ! 

    “Eric a tenté d’imposer une autre loi, et il en est mort !”

    Morgane me fixa, j’étais le nouveau gagnant.

]]>
http://breakingheart.cowblog.fr/commentaires-3205960.htmlWed, 12 Sep 2012 22:15:00 +0200http://breakingheart.cowblog.fr/i-belote-3205960.html
http://breakingheart.cowblog.fr/vacances-panache-3205959.htmlVacances panache      Vacances panache

 

     J’aiguise mes doigts sur le tactile: “J’arrive”. En Clio grise, j’ai l’air dans les oreilles, l’air de Summer in the city. Je prends C. devant chez elle, elle attend place vide Bichat, -celle avec la statue dénudée-. En route pour Château-Chalon, une demi-heure, qu’on passe parfois à causer des vacances et de l’Egypte, elle part demain. Le silence et l’air pensif avec la beauté du corps habituelle  qu’on certaine personne quand elles ne font rien.                                              

     A 5 km de Château Chalon, une longue, très longue pente en zig zag avec  un paysage magnifique, des vignes par milliers, des arbres et un contraste de bleus à l’horizon. On contemple  -depuis la troposphère- l’ensemble de la contrée.

     “C’est chouette !”

     - Ouais, c’est frais…

     J’avais une impression de liqueur mais elle à raison, fruit de la passion ça marche aussi. Forget the Song dans les tympans, on roule au pas puis:

     “Là !”

     On s’arrête plus loin, puis clic clac, soleil dans la figure et poignées de main. Deux personnes au loin, un tout juste majeur et une armoire dans la trentaine.

     “Je me suis brulée les lèvres !” Dit-elle après une courte présentation.

     - Moi, ce que je fais, c’est que j’utilise un bouchon, ou un chewing-gum, t’as l’air con, mais au moins tu ne te brûles pas les lèvres.

     Raconte le grand gaillard assis à l’arrière de sa camionnette de réparation: Réseau et communication, jeans campagnard, tee-shirt XXL uni rouge et casquette bleu. Il me scanne de haut en bas alors je glisse un sourire. Il doit bien me sentir parce que je sens naître une certaine complicité entre nous.

     ”J’ai un pote, il a un 7 mm toujours sur lui ! Me narre-t-il. Dès fois on va tirer dans les champs, à balles à blanc, hein. L’autre jour, il y a des mecs qui se sont ramenés, ils nous ont demandé si on avait un permis. Oui oui bien sûr ! Mais le truc c’est qu’on n’a pas le droit de tirer n’importe où, faut aller dans les centres de tire quoi.” Se confesse-t-il sans pitié.

     Le petit nous propose d’aller boire un verre chez lui. C. est partante, le gaillard aussi, alors je suis. C’est une grande maison de campagne ancienne, avec des chats et de l’odeur.  Dans le salon de belles plantes d’héroïnes que maman arrose.

     “C’est ma p’tite nouvelle ! C’est mon passe-temps tu vois, je la bouge, soleil, pas soleil, je l’arrose. Le terreau est un peu pourri mais sinon elle est géniale. “

     J’ai toujours le sourire, celui de la boulangère. Le gaillard, il aime bien les préliminaires mais faut pas abuser nous fait-il savoir par un “on règle les affaires !” Elle hoche de la tête et sort une petite liasse de billets, 100 euros.

     “Ah j’oubliais tient, le prix de l’essence !” Me dit-elle en me passant 20 euros. Je ne discute pas affaire alors je prends le billet et le glisse dans la poche arrière.

     “Je l’ai pas là mais je te la passe demain sur Lons, il y a pas de problème !” Dit le gaillard.

     - J’suis pas la demain.

     - Je le passe à ton pote.

     Je réalise qu’il parle de moi…

     “Mon surnom est Alex, alors tu m’appelles Alex moi j’t’appelle collègue… Silence totale sur tout ça !”

     Je me retrouve le lendemain -en retard- à courir sous la chaleur jusqu’au parking du mac Drive. Camionnette Réseau et communication au rendez-vous, la fenêtre s’ouvre. Je le reconnais à la casquette. Il me serre la main ; je mets du temps à comprendre qu’il veut me donner en même temps de l’argent, celui de C. Je ne fais tomber aucun billets mais c’est la poignée de main la plus longue et louche de tout le parking du Mac Drive.

     “Rupture de stock, ça cutter, mais en début de semaine, il y a pas de problème, il y aura de la nouvelle, ça sera de la panache !”

     Elle part en Egypte C. et moi chez moi, Mollusk dans la tête.

 

 

]]>
http://breakingheart.cowblog.fr/commentaires-3205959.htmlWed, 12 Sep 2012 22:14:00 +0200http://breakingheart.cowblog.fr/vacances-panache-3205959.html
http://breakingheart.cowblog.fr/hein-3199689.htmlHein !

 

Punaise, je me suis endormi comme un vieux con sur la terrasse, réveillé avec du Coca dans les cheveux, ah ils sont drôles ces cons, ils ont de la chance que je suis de bonne humeur. Ah j’ai le rythme dans le cœur, je ne suis pas apte à tout comprendre mais punaise le ciel est couvert, j’ai envie de bouger, euh ils restent là et ils rigolent trop fort. Ils me soulent grave. Alors je me casse, je ne sais pas où aller, je ne sais pas quoi faire, vous savez ces moments où l’on ne sait pas ce qu’on veut et ce qu’on ne veut pas. Le vide qui rend dépressif, comme si notre âme nous abandonnait et ça fait chier, ouais parce qu’on perd notre virginité intellectuel et ça fait chier ça! Tout le monde vous le dira! Alors je me casse tout droit, enfin non à gauche par rapport au bar et à la place aussi d’ailleurs, j’ai vraiment un sens d’orientation de merde, ça doit être héréditaire! Tu n’aimes pas les gens? Pff, je ne sais pas, ils me font souvent chier et ils sont parfois géniaux, ils m’occupent ou ils me blasent, ils sont essentiels et pourtant ils me font chier. Les gens ce sont des antonymes qui donnent du goût à la boustifaille qu’est la vie, Vian l’aurait dit autrement! Je pense qu’il n’y a pas que mon âme qui boude, mon corps souffre le martyr un maximum, vous savez pourquoi il ne tombe pas comme une merde, c’est parce que je tiens en équilibre sur le fil qu’est ma raison de vivre, punaise, aujourd’hui le fil est peu épais! Je me pète la gueule sur le sol, il se lève tous sur la terrasse, ils courent, les vieux aussi, et le petit gamin, et la petite gamine nue qui couraient sous les jets d’eaux, maman vous offre des vacances à la mer-de chez nous! Fait chier, cette vie. Mais qu’est-ce qu’ils font, ils me ramassent, ils me remettent debout, non mais je retombe les mecs! Non mais qui est la conne qui essaye de me refoulé son chocolat pourri de quatre jour! J’ai une gueule à faire une crise d’hypoglycémie! Je fais une crise existentielle, c’est qualifiable de suicide vivant ou de coma conscient. Vous voyez, c’est de la merde! Je finis par me relever parce qu’ils me font chier, je dis que ça va bien parce qu’ils me font chier, j’acquiesce même à l’autre, ça va encore elle est sympas elle, enfin disons que je préfère les crises d’angoisses que les crises d’hypoglycémies! Ouais et bien je vais rentrer chez moi, boire de la limonade, me doucher, et écouter de la musique en me vautrant sur mon lit et oublier que j’existe ou croire en un monde ultra cool! Ouais, bien, disons que je préfère ça, que me bourrer la gueule avec des salops de cons, après ça je suis encore plus dépressif. Mais pourquoi ça ne va pas? Tu n’as pas le moral? Pauvre petit va, il n’a pas de quoi être malheureux, mais je ne suis pas malheureux, vous me faîtes chier, tous, toi aussi pauvre conne! Oh et puis je vous aime bien mais pas là. Non je ne veux pas qu’on m’accompagne. Oh mais t’es gentille toi, beaucoup même, non t’es juste la pouf qui veut se donner bonne conscience en me raccompagnant. Je sais de quoi j’ai envie, de courir! Mais tu déteste courir? Oui mais tant pis et puis toute façon les choses que j’aime faire, soit je les ai déjà faite soit je ne peux pas les faire parce que la raison fixe des conditions à ma liberté! Hein? Hein? Vous en pensez quoi cette phrase? Vous n’aimez pas, mais elle sonne bien et c’est plus de Spinoza que du moi, alors faites pas ieche! N’essayez pas, en plus les gens ne sont jamais contents! L’ennuie, la fatigue, l’ennuie, l’ennuie, la fatigue ça fatigue! C’est vrai que j’aime bien les autres que part intérêt. La guerre ça dresse nos sales gueules et ça nous rend plus humain par la suite! Mourir à la guerre ça craint, survivre encore plus. C’est la mort! T’imagines tous ces cons de l’année 2012 à la guerre, ils seraient capable de s’entretuer et de nos jours les filles ont tous peur du sang, qui me soignerait? L’autre conne qui fait chier avec son chocolat: “Il lui faut du sucre!” Concrètement ça c’est de la merde! Mais ce ne sont que des pensées en mots, on pense grâce aux mots, il le dit, si si, il le dit, Kant. Il reste du temps, voyageons, aimons les filles parce qu’elles savent nous faire vivre! J’aime la beauté, à Lons-le-Saunier, ils sont moches, ailleurs aussi, mais à Lons beaucoup, tous, tous, tous, ils sont fringués comme… comme des gens qui sont mal fringués, ça craint hein? La mode c’est nullos mais c’est parfois beau, la mocheté c’est moche comme la culture c’est bien! Ce mec il ne se fait pas chier. Tu vois t’écris, des lignes, des lignes, aucun style, c’est trivial et c’est à peine lisible, à peine intéressant, ça ne sert à rien. Ne me dit pas qu’il y a des gens qui lisent ça alors que Du côté de chez Swann est plein de poussières, n’abuse pas, ne fait pas chier, laisse ça sur ton ordi! Et si, et si, et si je vous emmerdais, oui oui! Attendez ne partez pas, comprenez le principe! Deux secondes, imaginez que je vous emmerde mais gravement, que je m’en fous totalement de ce que vous pensez parce que vous n’êtes rien sinon égale à moi, vous avez une dignité, je vous respecte mec et meuf, mais ton jugement je m’en carre comme l’an 40, parce que l’année 40 était à chier, les mecs je te jure ils ont rien glandé cette année, mais que dalle hein! 

]]>
http://breakingheart.cowblog.fr/commentaires-3199689.htmlTue, 07 Aug 2012 14:49:00 +0200http://breakingheart.cowblog.fr/hein-3199689.html
http://breakingheart.cowblog.fr/paquerettes-3125470.htmlPâquerettes.     Pâquerettes.       

      http://breakingheart.cowblog.fr/images/sorcier.jpg

      Je fis jour dans un village médiocre d'Afrique. Le chef du village, m'emmena dans ma hutte deux personnes, elle était nullarde mais je m’écrasai la gueule. Il m'avait mis avec un autre. Un noir tout lynché, il s'était fait bien moucheté. Il avait payé pour ses actes, il me bava son hier.

      "Il était le sorcier du village. Sa toute existence se résumait à des danses à friser la couillonade. Itou dire qu'une vieille baderne dans son style n'aimante pas la femelle! Quelle midinette voudrait lui rouler un patin à travers un masque aussi vaudevillesque? Aucune. A chaque nuitée, après le feu et les rires goguenards, il se pinça le nez pour que personne l'entende sangloter. Accablé était-il, il n'avait plus rien à tondre de son sort de sorcier et la fête du village avait lieu la nuit suivante. Il ôta son masque. Il couina davantage. Ses cheveux tirèrent la binette lui donnant une trogne de voile à vapeur. Il se pressa l'esprit et eu une serviable idée. Il sortit sur ses pattes de colombe. Dansa un petit coup pour qu'il pleuve, puis bâta des ailes la boue, il cherchait la hache enfuit sous terre et la trouva. Il fracassa un tronc d'arbre puis s'empara de sève. Il mit alors ses doigts tout collants dans ses cheveux. Il eut de suite une trombine pimpante de jeune pousse et était enfin prêt à jeter sa gourme. Il se fit passer pour un invité et n'eut même pas la peine de courir la gueuse. Toutes les pépettes du village faisaient le gringue et exhibaient leurs poitrails avant un crêpage de chignon. La plus grosse bombasse était celle du chef, bien gaulée comme il faut, elle fit la belle et tomba à la casserole. Le chef fut médusé par l'absence soudaine de fraicheur féminine et fit arrêter le sorcier à crête. Cela étant tout le monde bava devant la coiffe, et  grossoya le bonhomme. La hache déracinée,  la peuplade ennemie ne paressa pas à paraître et fut pantois devant les bouilles des pioupious. Devant eux, des homophiles à crêtes. Les grivetons cédèrent et se casquèrent la gueule de sève. Les chiffes molles ne mirent peut du temps à balayer les pimbêches. Entre apparatchiks, la vogue est plus marbrée. Ainsi s’écoule le repos des guerriers.  »

 

 

   

 
]]>
http://breakingheart.cowblog.fr/commentaires-3125470.htmlMon, 25 Jul 2011 16:12:00 +0200http://breakingheart.cowblog.fr/paquerettes-3125470.html
http://breakingheart.cowblog.fr/le-cadet-de-mes-soucis-3124243.htmlLe cadet de mes soucis
Le cadet de mes soucis.

  http://breakingheart.cowblog.fr/images/Manhole2.jpg     


     Je pris le premier rafiot venu, traversai la mer du Nord. On m’accueillit à Kristiansand au sud de la Norvège. Je vis un gosse à un bâtiment et demi de moi, courant yeux fermés. Il se ramassa dans l’eau glacé où il reprit ses esprits ; assez pour vivre sa noyade. Les bonhommes du port pétaient une coche…  Moi je matais le môme se noyer. Peu après, il me remercia de ne pas être intervenu. Il voulait se faire sauter le caisson, il me retraça son histoire :

« Le loupiot vivait avec sa vieille dans les égouts, il faisait chaud et la fumée rendait l’endroit chaleureux. Il avait erré la journée dans la rue à la recherche de modestes trésors dans les poubelles. Et quand la nuit tombait, il rentra chez lui, vingt deuxième bouches où sa mère l’attendait. Elle semblait préoccuper par quelque chose. La  marâtre expliqua à son morveux qu’elle s’était engrossée au travail et par conséquent qu’il aurait un frangin. Ce concept lui parut malsain. Futé, il sortit de sa poche, un flacon crasseux d’éther, dégotté dans une poubelle. Il incorpora le flacon entier dans la boustifaille de la putain pour l’endormir ou la tuer, mais ça, il l’ignorait encore. Il ouvra à l’aide d’une lime à ongle, ramassée dans la rue, le ventre de la grosse. Puis, après avoir tracé un cercle, enleva le couvercle. Il fut déçu de ne pas voir son frère, mais savait que ce n’était rien d’autre qu’un embryon; à la place, étaient présent des tuyaux semblables aux égouts. Il ramassa alors une pierre, la plus grosse présente, et la posa dans le ventre de la mère. Il prit alors le fil et l’aiguille posés sur un carton, servant d’accoutume à agrandir son gilet. S’il fallait en plus le partager avec un damné… Bref, il referma le couvercle de la mère, puis la matrone ne se réveillant pas, il sortit de la bouche vingt-deux et couru avant de tomber dans l’eau glacé. »

 

]]>
http://breakingheart.cowblog.fr/commentaires-3124243.htmlTue, 19 Jul 2011 22:52:00 +0200http://breakingheart.cowblog.fr/le-cadet-de-mes-soucis-3124243.html
http://breakingheart.cowblog.fr/miguel-de-la-muerte-3124144.htmlMiguel de la muerte.


http://breakingheart.cowblog.fr/images/Ed2.jpg

     C’est un samedi pluvieux de février. Il est 9 heures et nous avons quelques centimes à dépenser alors on prend une décision de groupe, celle d’aller à ED. Je suis accompagné de mon frère et d’un ami d’origine arabe plutôt bien intégré qui est la cause de notre présence. En effet, il n’habite pas Lons-le-Saunier et se voit donc obligé de rester des journées dans le centre-ville, seul, quand mon frère et moi ne sommes pas là.

Décidés, on rentre par le parking. Une dizaine de voitures seulement sont stationnées dont la moitié au personnel. On entend à notre gauche un sifflement, on tourne le regard et on perçoit un homme, vêtu de baskets Nike trouées d’où ressortent ses chaussettes, un pantalon qui a survécu, un blouson avec les poches déchirées emplis de… je ne sais quoi. Une moustache a pris place sur son visage, faisant ressortir son caractère primaire. Enfin, il porte un bonnet bleu foncé en discordance avec ses vêtements. Mais qui donc aurait pu le juger sur son apparence physique ?

Il est mi-corps dans une benne à ordures où tous les aliments périmés sont jetés. Il fait un geste de la main qui est plutôt persuasif. N’importe quel passant peut croire qu’on est complice avec cet homme. Ne trouvant point d’alternative pour y échapper, on se dirige contre notre gré près de la benne, il demande à ce qu’on tienne son sac, notre ami arabe s’en charge. Il ramasse plusieurs boîtes de viandes où je peux lire la date de péremption. Elle datait de trois mois. Il trouve des crevettes .

« Ça, c’est pour mon chat ! »

On fait un signe de la tête pour approuver.

Après quelques minutes, il sort de la benne assez facilement : il a l’habitude. Il fait signe en direction de la porte d’ED, voulant dire : « Alors allons-y ! ». Une fois rentré, on prend volontairement le chemin opposé. On tente de trouver une boîte de biscuits pouvant combler nos désirs financiers, ce fut une sous-marque de Finger.

On se dirige en direction des caisses ; Je m’aperçois qu’une forte dame seulement nous sépare de l’homme à la benne. Je donne un petit coup de coude futile à mon frère qui répète de suite le geste à notre camarade. La femme devant nous, aimant profiter des réductions à en juger par son caddie et son poids, prend une initiative digne de la place qu’elle tient: c’est rare de nos jours. Elle est très perspicace : elle a remarqué qu’on avait un seul article donc que nous allions attendre longtemps pour peu de choses, alors elle entame une discussion :

«Passez ! »

Et on la remercie chacun à notre tour en passant devant elle.

Nous sommes à présent derrière l’homme à la benne, Il nous fait un clin d’œil, suivi d’un regard en direction de son biceps gauche plus gonflé que l’autre, par présence d’une bouteille de bière volée dissimulée sous son blouson. Il pose sa deuxième bouteille sur le tapis roulant.

« Un euro cinq», dit la vendeuse.

L’homme sort sa pièce, nous regarde en souriant puis fixe la vendeuse :

- C’est pas remboursé par la Sécurité Sociale !

La caissière grimace. L’homme, satisfait, prend sa bouteille et sort du magasin. Aigrie par son expérience, elle se venge et nous demande de vider nos poches, trouvant louche d’être trois pour acheter une misérable boîte de biscuits. Puis nous sortons à notre tour. Dehors, le voleur nous attend. Il tend la main à celui qu’il préfère, notre ami d’origine arabe.

« Je suis connu partout, tout le monde sait qui je suis, je m’appelle…»

Grand silence désagréable, tout le monde en profite pour chercher qui peut-il bien être. En voyant qu’avant ce jour, nous ignorions parfaitement son existence, il enlève majestueusement son bonnet, passe sa main dans ses cheveux et fait un geste orgueilleux de la tête, puis continue sa phrase :

« Michel… Mais on m’appelle Miguel de la Muerte. Ne faites jamais les mêmes erreurs que moi… J’ai tué un homme quand j’avais 20 ans… Légitime défense. »

Il nous regarde fixement, il attend de nous une réaction, alors notre ami prend la parole :

« C’est ce qu’il faut ! »

A l’accoutumée, il parle peu. En fait sa vie se résume à peu de choses : il est mauvais étudiant en Fac de psycho à Besançon, conduit une vieille Punto blanche et a un colocataire douteux.

Une jeune fille de dix ans et sa mère se dirigent vers l’entrée du magasin. Michel suit la jeune fille des yeux :

« Trop jeune ! »

Puis il remonte la manche de son blouson, enlève de sa bouche la cigarette qu’il a roulé peu auparavant et l’écrase sur son bras couvert de cicatrices désordonnées. Il n’éprouve aucune douleur. Pour ma part, j’ai poussé intérieurement un cri. Il nous explique par la suite que la police a dressé un plan de haute importance pour le surveiller : Le plan Epervier. L’explication est gestuelle, il lève son bras et fait un cercle avec son index. Une femme, la cinquantaine, passe dans son dos :

« Trop vieille ! »

Puis il met la main dans sa poche, essaye d’attraper un objet qui flotte à l’intérieur et le retire brusquement. Il tient un portable, l’ouvre. Nous ne tardons pas à comprendre qu’il veut nous faire écouter la nouvelle musique qu’il a téléchargée : on entend un imam diriger une prière puis des tirs d’armes à feux et, après un court silence, La Marseillaise.

« Alors ? » demande Michel, toujours à notre ami d’origine arabe.

Il répond sans trop se fouler :

«C’est ce qu’il faut ! »

Il a de la chance de ressembler physiquement à un Européen, ce qui lui permet d’éviter dans cette situation les désagréments d’un tueur raciste surnommé Miguel de la Muerte.

Michel pose la main sur la veste de notre ami, il retire un poil de chat :

« T’as un chat ! Il est blanc ! »

On se regarde tous et à travers une communication instinctive, décidons de jouer la surprise. Il reprend son téléphone et nous montre une photo de ses chiots. Il les dresse à l’attaque. Il manque d’argent pour faire opérer un de ses chiens qui est malade mais son frère accepte de payer, d’ailleurs c’est lui qui paye son forfait de portable NRJ Mobile. Puis, comme si cela passait après, il nous montre une deuxième photo, celle de son fils qui doit avoir deux ans. Je suis tellement effaré qu’il ait un chérubin que j’oublie de suite à quoi il ressemble. II ne nous parle pas de sa femme, il l’a peut-être tuée. Mais il nous parle de son enfance : il était dans notre lycée jusqu’en quatrième, ce fut sa dernière année.

Cela fait maintenant une heure et quart qu’on est avec Michel, et cette discussion burlesque risque de s’éterniser encore longtemps alors je sors discrètement mon portable et appelle mon frère. Voyant mon nom sur le cadran, il comprend le subterfuge et simule une conversation:

« Ah ! D’accord, eh ben j’arrive ! »

Puis raccroche.

« Je suis désolé, mais je dois vraiment y aller ! ».

Michel, peiné, reprend la parole :

« Je vais vous laisser ! Faut que j’aille à Passerelle 39 pour mes problèmes d’alcool. Ne faites jamais les mêmes erreurs que moi ! »

Il s’approche de notre ami, lui serre fortement la main, lui fait une accolade et murmure assez fort pour qu’on entende :

« Toi et moi, on est frères de sang ! »

Notre ami se sent obligé de répondre :

-C’est ce qu’il faut !

Puis chacun reprend sa route.

 
 
]]>
http://breakingheart.cowblog.fr/commentaires-3124144.htmlTue, 19 Jul 2011 15:40:00 +0200http://breakingheart.cowblog.fr/miguel-de-la-muerte-3124144.html
http://breakingheart.cowblog.fr/tater-de-la-brique-3124143.htmlTâter de la brique. 
http://breakingheart.cowblog.fr/images/Courreur.jpg

Tâter de la brique.

 

      Je m’assois sur un banc et contemple le genre humain. J’ai finis de chercher. Je sais tous. Quel homme peut prétendre connaitre la véritable raison de l’existence humaine ? Moi. Un garçon court sans aucun but, en gesticulant les bras et criant tel un arriéré…  insouciant ; Moi je ne me prends plus les pieds dans le bac à sable. J’ai désormais une raison de vivre. Comment en suis-je devenu là ? J’ai visité les âmes des poètes, elles sonnaient fausses et un jour j’ai rencontré un homme de grande sagesse intérieure.  Il était si vrai, ce n’était pas des paroles vaines de sens.  C’était de la brique rouge et crasseuse, moi j’aime tâter le concret. C’est de cela qu’on a besoin pour vivre. Je l’ai rencontré par hasard.  Je marchais, je m’étais pourtant dit « il faut que je m’arrête de marcher », ça m’ennuyait de me déplacer. Je préférais m’ennuyer assis. Dans la rue à ma droite il y a un banc, celui sur lequel je suis assis en ce moment. Il est toujours à l’ombre, confortable. Il est placé à une intersection : un panorama d’immeubles et de rues encombrées. Les gens passent et ne vous voient pas.  L’endroit n’est pas joli mais d’ici je peux glousser de la condition humaine et me crasser de fumée noire. Mais j’ai continué tout droit. Je ne me suis pas arrêté. J’ai marché encore et encore. M’assoir aurait été un abandon. Je ne sais pas lequel. Un de ces objectifs idiots qu’on se lance à soit même. Jouissance. Je commençais à me sentir seul. La rue était longue et déserte, et pas photogénique pour le touriste  Chinois devant moi -qui bougeait dans tous les sens- pour trouver un angle propice à la façade d’un immeuble pourpre ;  jaune auparavant.  Les magasins fermaient tous les deux mois après leurs ouvertures, j’étais moi-même touriste à chaque venu piétonne dans cette rue. Tourné à droite n’aurait vraiment pas été un mal. La rue résonnait. Je m’étais retourné. Un homme courait. Il était assez loin mais… assez prêt tout de même pour remarquer qu’il était fort. J’avais pris, jadis, l’habitude d’utiliser cet euphémisme. Je peux maintenant dire que c’était un beau tas de graisse. Si j’avais su que cet homme allait changer ma misérable vie couronnée de vide et dénuée de sens… Quand je l’ai vu, je n’ai pu m’empêcher à un ami qui sortait seulement par temps de pluie pour seul raison que les joggers restaient chez eux attendant à la fenêtre que le ciel arrête de leurs uriner dessus. Il se rapprochait. Je me retournais toutes les cinq secondes seulement. Je ne voulais pas qu’il m’écrase. La terre trembla. Je me suis décalé sur ma gauche contre la façade d’un bureau de tabac -fermé- et j’ai plissé les yeux. Il me doubla. Puis s’arrêta. Il mit ses mains sur ces genoux et haleta. Il était assez grand ; mais bien plus gros que grand. Il avait un short noir qui moulait sa graisse, et un tee-shirt blanc mouillé. Il sua de partout. Il enleva ses lunettes et s’essuya le front avec son avant-bras suant. Il n’était pas comme les autres coureurs du dimanche. Il ne courrait pas dignement torse bombé, mais au contraire, il était ridicule ; plus que les autres. M’apercevant du coin de l’œil, il m’analysa. Il avait dû voir que j’étais faible d’esprit comme de cœur. A première vue il ressemblait à un pédophile. Les apparences sont trompeuses.  C’était un homme bien. D’ailleurs il courait, il se surpassait, en permanence contre lui-même, contre ses grosseurs. C’était humain, c’était réel : l’homme hait ses complexes. Sa carapace protégeait un esprit. Un esprit qui a changé à jamais ma vie. Il n’avait aucune raison de prononcer ces vers philosophiques. Le fond et la forme formaient un tout. C’était un poète, mais pas un de ces poètes qui codent la prose, non lui, il taquinait la langue. Il avait vécu ; pas que du bien. Il représentait les vrais sentiments : ceux que l’on aime et pourtant cache. Il dégageait une force monstrueuse semblable à de la folie : ce n’en était pas. Tout était contrôlé chez lui, ce n’était pas des mots dit aux hasards, il y avait une logique, une pensée irréfutable… J’étais immobile, la bouche ouverte. J’attendais qu’une chose se produise. Lui me regardait fixement, il était impressionnant. Il rentrait son lacet -qui n’était pas défait- dans sa basket à talon. Il remit ses lunettes, et se dressa. Mon regard était fixé sur ses lèvres : allait-il parler ? Sa langue sortit de sa bouche et humidifia ses lèvres d’un coup sabré… Il allait parler :

    « Les salopes, il faut leur rentrer dedans aux salopes, mais attention avec du plastique. » dit l’homme.

    Qui d’autre ? Qui d’autre, à ce moment précis de ma vie, aurait pu prononcer ces quelques mots triviaux à première vue, mais si humain au fond. Il ne m’avait pas dit « bonjour » ou « il fait chaud aujourd’hui, il parait que la chaleur sera pire demain », non lui m’avait donné un conseil avec condition, une raison de vivre. On est resté les deux immobiles. Je réfléchissais. Et si le sens de la vie, la lutte de l’humain, c’était cela. Il continua son chemin. Je suis toujours sur mon banc. J’ai cette force. Mon vide a basculé. J’attends mon tour pour tâter de la brique.

 

 

 

]]>
http://breakingheart.cowblog.fr/commentaires-3124143.htmlTue, 19 Jul 2011 15:32:00 +0200http://breakingheart.cowblog.fr/tater-de-la-brique-3124143.html
http://breakingheart.cowblog.fr/nouvelle-la-belle-et-la-bete-3087030.htmlNouvelle: La belle et la bête

http://breakingheart.cowblog.fr/images/petitefilleponey.jpg
La belle est la bête.

  

      Les prémices de mon voyage eurent lieu au Royaume-Unis, je me heurtai à une jeune peau anglaise qui me compta son histoire biscornue :

    La bourgeoise pré-pubertaire anglaise rouscailla pour son âge de sagesse un sublime poney français formidablement sculpté. Son paternel, un bougre moustachu déclara que les seuls chevaux nains qui franchiront les confins du jardin seront en steak.

    Chose dite, chose promise, la fille souffla ces sept bougies sur une cuisse bien saignante. La jeune anglaise prit tellement gout à la gastronomie française qu’elle jura de s’en bâfrer chaque jour.

    Vint le soir, extinction des feux, permettant de jardiner de bon matin. Une fois que les parents pioncèrent comme des souches, la fillette partie en escapade, arqua jusqu’à la tombée de la lune, et se ramassa la gueule devant un champ où trois canassons la regardèrent. Elle dégaina de son pantalon de pyjama un couteau de cuisine bien aiguisé de la vieille. Elle franchisa  la barrière en bois moisi par le temps anglais. Voulant s’en mettre plein la lampe, elle planta le couteau dans la gorge de la bique puis découpa tant bien que mal la viande. Elle mit les morceaux informes dans son cartable. Elle s’apprêta à franchir de nouveau le morceau de bois servant de barrière quand le deuxième canasson laboura la joliesse à coup de sabot ; La frimousse en sang, son cartable emplit de morceaux de viandes, elle détala en feignant l’air jusqu’à sa demeure. Le minois défiguré, elle ne put recevoir sa claque habituelle.

    On lui prit la peau des fesses pour reconstituer son visage. La jeune anglaise de nouveau dans sa turne, retourna voir la bête au sabot facile, une fourche éclata vite fait la bestiole. Elle arracha la peau du cheval et la colla sur ses fesses. Elle sourit. Elle ne put s’empêcher de penser à chaque fois qu’elle mit son derrière sur une chaise ou un fauteuil  qu’elle était assise sur un poney galopant dans les lopins de terres infinis.

 


]]>
http://breakingheart.cowblog.fr/commentaires-3087030.htmlWed, 16 Feb 2011 17:01:00 +0100http://breakingheart.cowblog.fr/nouvelle-la-belle-et-la-bete-3087030.html